Incontournable
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Pure et élégante, l’église de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue impressionne par sa clarté et sa sobriété. Mais observez bien ! Ses décors sont discrets et délicats, ils ne sont jamais choisis au hasard. Partez donc à la découverte de cet édifice si particulier !
Commencée au XIIIe siècle, l’église abbatiale de Beaulieu est sobre et élégante. Elle s’étend sur 75 mètres et son absence totale de mobilier révèle un plan simple : une nef à vaisseau unique, un transept, deux chapelles à chevet plat, un chœur surmonté d’une tour à pan coupés et une abside polygonale. Le tout est surmonté de voûtes à croisée d’ogives , emblématiques de l’architecture gothique.
Cette technique architecturale permet une plus haute élévation : ainsi, la nef de l’église atteint à 16 mètres de haut, renforcée par les contreforts extérieurs.
Pour l’église abbatiale de Beaulieu, le gothique est dit « méridional », un style typique de la région toulousaine où les principes du gothique, développés en Île-de-France, se mêlent aux traditions de constructions locales. Les bâtiments religieux sont bâtis autour d’une nef unique, la muralité est marquée, les ouvertures sont peu nombreuses.
Ici pourtant, dix baies en lancettes rythment les cinq travées de la nef, sept supplémentaires ouvrent l’abside vers l’est. Pour les cisterciens, la lumière a une importance particulière, très symbolique.
Pour les moines cisterciens, le quotidien s’organise et se réfère à la Règle de Saint Benoît .
Dans l’organisation de la vie monastique, l’église a une place centrale car elle accueille les différents offices qui rythment la journée. Ainsi, les moines s’y rendent plusieurs fois par jour, soit en descendant de leur dortoir (la porte conduisant aujourd’hui au parcours muséal le permettait), soit en y accédant par le cloître, la voie de déplacement privilégiée dans l’abbaye.
Des petites alcôves, encore visibles dans les murs, abritaient des ouvrages nécessaires aux offices (des armoriums), ou permettaient de faire les purifications nécessaires au rite (des lavabos).
L’église abbatiale se caractérise par une élégante sobriété. Pour les moines cisterciens, l’absence d’éléments décoratifs (qu’ils soient sculptés, peints) est une sorte d’engagement et de représentation de l’austérité dans laquelle ils s’engagent en portant leurs vœux monastiques.
Néanmoins, un programme décoratif discret, mais très symbolique, est visible dans l’église.
Pour commencer, regardez les colonnes engagées tout autour de l’église : des motifs végétaux plus ou moins identifiables sont représentés sur les chapiteaux, la partie haute des colonnes, ou sur les culots .
Levez ensuite les yeux vers les clés de voûte . Vous trouverez un Agneau mystique dans l’abside : il représente le Christ qui se sacrifie pour racheter les péchés de l’humanité.
Vous apercevrez des fleurs : celle de la chapelle sud (côté accès vers le parcours muséal) est une rose, symbole de la Vierge Marie dont le culte est important pour les cisterciens. Elle apparaît à Saint-Bernard , patron tutélaire des cisterciens. Cette fleur, riche en symbole, est aujourd’hui mise à l’honneur dans le jardin de roses créé à l’Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue.
Et côté nord, une mystérieuse main, à l’index et au majeur levé est sculptée sur la clé de voûte. Cette représentation traditionnelle de la main de Dieu, bénissante, salue une dernière fois les moines empruntant la Porte des morts vers leur dernière demeure.
Pour finir, des traces de peinture ocre et rouge sont visibles sur certains pans de murs. D’autres espaces historiques de l’abbaye en sont pourvus : saurez-vous les retrouver ?