Remontez le temps pour découvrir l'histoire de l'abbaye de Beaulieu-en-Rouergue !
Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, église abbatiale vue du nord © Laurent Gueneau / Centre des monuments nationaux
La communauté de Beaulieu est fondée au XIIe siècle. Elle est attestée en 1151 par un document mentionnant un don de terre aux moines. Les premiers moines étaient probablement des ermites qui rallient dans un second temps l’ordre cistercien.
Pourquoi ici ? La présence de l’eau est déterminante dans le choix du lieu d’implantation de la communauté, très vite nommé Belloc.
La vie de la communauté est régie par la Règle de saint Benoît. De quoi s'agit-il ? Etablie au VIe siècle, elle contient 73 chapitres et se développe au XIIe siècle grâce à Bernard de Clairvaux qui essaime, partout en Europe, les préceptes mis en place par Robert de Molesme à l’abbaye de Cîteaux.
Pour les cisterciens, le respect des vœux de pauvreté et d’humilité est essentiel. Ils renoncent à toute possession matérielle et traduisent ces valeurs dans l’architecture, simple et sobre.
Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, nef de l'église abbatiale © Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux
Toutes les abbayes cisterciennes s’organisent autour du cloître, placé au centre du monastère. Les galeries qui l’entourent servent de voie de communication principale et desservent chacune des salles du bâtiment. L’église est au nord, son chevet tourné vers l’est. A l’est, on retrouve la salle capitulaire, où se tient chaque jour la réunion du chapitre des moines, et le dortoir des moines.
Au sud se trouvent les pièces fonctionnelles (cuisine, réfectoire des moines, chauffoir) alors que l’aile ouest est réservée aux moines convers (moines en charge des travaux manuels et des affaires séculières de l’abbaye). Ainsi, à chaque espace sa fonction particulière.
Le cloître gothique est détruit par les protestants pendant les guerres de Religion ( 1562 - 1598 ), lors d’une mise à sac par les protestants. Les moines abandonneront alors l’abbaye une dizaine d’année, de 1592 au début du XVIIe siècle.
La règle cistercienne veut que l’abbé soit élu par les moines. Mais au XVIe siècle, la plupart des abbayes cisterciennes passent sous le régime de la commende : l’abbé est désigné par le Roi et confirmé par le pape. Cette nouvelle organisation modifie la gestion quotidienne des abbayes, l’abbé bénéficiant des revenus de l’abbaye et déléguant la plupart du temps son administration temporelle et spirituelle à un prieur.
Ce bouleversement et les dégâts causés par les guerres de Religions poussent à entamer des travaux de restauration et d’aménagement au XVIIe siècle : le logis abbatial est rehaussé d’un étage, le dortoir des moines remplacé par des cellules individuelles pourvues de garde-robes, des salons à l’usage de l’abbé et du prieur sont créés et décorés de « gypseries » et de décors peints.
Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, bâtiments conventuels vus du sud © Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux
La Révolution Française marque la fin définitive de l’occupation monastique à l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue. Elle est vendue comme bien national à un ancien capitaine de la marine marchande devenu juge de paix à Saint Antonin, Joseph Perret. Ce dernier lègue le domaine à la municipalité de Saint Antonin Noble Val.
En 1842, la municipalité de Saint Antonin envisage de doter sa commune d’une nouvelle église. Ainsi, l’architecte Eugène Viollet-le-Duc propose de déposer pierre à pierre l’église abbatiale de Beaulieu pour la reconstruire dans le village. Malgré l’opposition de Prosper Mérimée, la translation commence en 1844, la toiture puis la charpente de la nef sont démontées...
Mais le projet est trop coûteux ! Pour le financer, le domaine est vendu à Auguste Coste en 1845. Mais cela ne suffit pas et le projet est définitivement stoppé et l’église également vendu à Costes en 1872. Il transforme l’ensemble en domaine agricole.
C’est donc dans un état de délabrement avancé que Geneviève Bonnefoi et Pierre Brache découvrent l’abbaye en 1953. Après l’achat en 1960, il leur faudra 10 ans pour la sauver de la ruine !
Abbaye de Beaulieu-en-Rouergue, rose de la façade occidentale de l'église abbatiale © Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux